18 octobre 2010

Boy, donnez-moi un MI...

Regardez nous.

Voyez K’pa d’abord, qui tente de garder un minimum d’ambiance dans le QG, s’occupant du ménage de routine et d’essayer de nous faire sourire malgré la situation. Voyez-la, passant son balai avec vigueur, nourrissant le pigeon-tronc avec une désinvolture soignée et faisant quelques badineries pour nous remonter le moral. Elle garde le fort tant bien que mal mais on sent que le coeur n’y est pas… elle se laisserait probablement aller si nous n’étions pas dans un pire état.

Pour continuer, zieutez moi-même, l’air sombre, en pleine réflexion, marchant de long en large, d’un mur à l’autre, passant et repassant inlassablement devant le téléphone à cadran comme un félin derrière les barreaux, nargué par un touriste obèse.

Finalement, si vous l’osez, lorgnez du côté de Popol. Il est avachi dans sa vieille chaise berçante, les yeux noyés de larmes et les pieds ensevelis de mouchoirs (je dis les pieds mais on ne verra bientôt plus ses genoux). Je ne sais pas si vous avez déjà vu un manchot se moucher, c’est l’une des scènes les plus chavirantes qu’il m’ait été donné de voir… la vie est cruelle; tant d’eau, de morve et de malheurs qui pleuvent et toujours pas de bras pour les éponger. Le Tronc chiale et n’en finit plus de nous raconter ce qui s’est produit.

Contemplez nous, disais-je donc, et vous conviendrez que quelque chose ne tourne pas rond.

L’explication à l’affairement de K’pa, à ma consternation et à l’effondrement du Tronc est là sur la table. Une lettre d’enlèvement dans les règles de l’art, avec des mots découpés dans un journal, demande de rançon et tout :

« Boy, je DÉtiens CULbutA. Donnez-moi UN MIllion de dollars POUR la reTROUVER vivante. NE prévenez pas la police OU il lui ARRIVEra malheur. Je vous téléphoneRAI pour la suite… »

J’ai encaissé une myriade de sévices. J’ai connu la torture, l’arrachage d’ongle, les brûlures, l’acide, la suffocation, les maux de dos, les maux de coeur, les maux de crânes, la lapidation, les coups, les couteaux, les machettes, les balles, les explosions,les blessures saignantes, piquantes, rêches, aiguës, graves, bénignes, malignes, les ampoules, les bleus, les jaunes, les rouges, les noires, les pourpres, les ton sur ton,les dégradés,les propres, les puantes, suppurantes, les sèches, les coulantes, les visqueuses, les bris, fêlures, dislocations, cassures… sans rechigner. Mais me faire chanter, moi ! Me menotter. Me réduire à l’impuissance. C’est douloureux !

Et Culbuta dans tout ça? Volatilisée ! Disparue. Houdini et The Illusionist font figure d’amateurs à côté de notre Kidnappeur.

- Je ne comprends pas, elle était là hier soir, dit Popol comme s’il lisait dans mes pensées avant de poursuivre sa variation sur un même thème… couchée tout contre-moi après notre partie de jambes en l’air (ne me forcez pas à vous redire qu’ils n’ont pas de bras) du soir. Et ce matin… (reniflement)… il s’interrompt finalement lui-même d’un râle pitoyable.

K’pa, toujours dévouée, vient le moucher cette fois.

De mon côté, je cherche les indices. Le message laisse croire que le type me connaît personnellement et a de vieux trucs à me reprocher… avec ces seuls critères, la liste de suspects est longue.

En plus, il veut de l’argent. Beaucoup. Ça ne va pas me faciliter la tâche. Entre vous et moi, être un héros n’est pas une besogne lucrative… et tout le monde n’a pas la chance de Batman.

- DRRRRINGG ! La sonnerie de l’antique téléphone me replonge enfin dans l’action.

- Allô?! M’enquis-je.

La voix de l’autre côté est caverneuse, probablement trafiquée.

- Mister. Un million en or, en pierres précieuses et en bijoux dans un coffre de bois livrable sur le navire Grimaldine qui sera au port dans une semaine à minuit.

- C’est trop ! Elle n’a même pas de bras. Un demi million. (Plainte de désespoir en provenance de la montagne de mouchoirs.)

- Non.

- Un gars s’essaye.

- Et pas de police, n’oublie pas. Clack ! (Ici, vous aurez compris qu’il vient de raccrocher sèchement et qu’il n’a pas dit « Clack ». Non mais…)

Je veux bien être castré si c’est pas ce fouareux de pirate Old Stinky Poop. Son style cliché, sa voix, le coffre, les pièces d’or, le bateau… tout y est… et il m’avait prévenu.

Commençons par trouver l’argent, histoire d’avoir une monnaie d’échange et après on verra.

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