3 janvier 2011

Prendre un p'tit coup...

Après coup, on pourra toujours essayer de se souvenir... revenir sur les vieilles querelles... À quoi bon?

Qui a dit quoi? Qui a fait quoi à qui? À qui la faute? Quelqu'un a-t-il vraiment pleuré? Il paraît qu'untel a appelé sa mère... ce n'est pas vraiment important, non.

Ça ce déroule tellement vite et, avec l'adrénaline, la mémoire peut s'embrouiller un peu, les médecins vous le diront. De toute manière, voici comment je le raconterai à mes petits-enfants :

Le tronc, les frères Twins, Old Stinky et ce qu'il reste de moi formons un tas grouillant de membres en convulsions se taillant en pièce aveuglément, un ouragan destructeur, roulant aussi bien au sol que sur les murs, criant, crachant, défonçant le bois, arrachant les vernis et les tapis, laissant de lourdes empreintes de coude ou de crâne sur les comptoirs de métal solide, réduisant en miette tout le verre qu'il peut consommer.

Et quand l'un des protagonistes est éjecté du tourbillon, à la renverse sur une table massive ou tête première à travers une fenêtre, il est aussitôt ré-aspiré par cette puissante force centrifuge, avant même de se relever, de penser ou de reprendre haleine.

Au coeur de l'action pleuvent les coups les plus vicieux, les pires menaces et les hurlements inhumains. La violence s'attaque à tous les sens. Dans le nez et dans la bouche, le sang des autres et le vôtre, dans les yeux et les oreilles aussi, avec les larmes et la sueur, la peau poisseuse et lacérée, chaque fibre du corps qui cherche à distinguer ses propres plaies de celles de l'ennemi, qui cherche les signes vitaux quand tout n'est que douleur, avec deux cent mille nerfs à vif que l'on continue de frapper.

Peut-être qu'à un moment dans la bagarre, les frères Twins prennent un peu le dessus. Peut-être que le Tronc est assommé, avec une fracture ouverte à la base du crâne et du sang qui gicle partout, sur mon visage surtout. Peut-être que K'pa se réveille et se bat vaillamment avant de s'évanouir à nouveau, mais pas sur commande cette fois. Peut-être que Titane enfonce son poing, creux dans la blessure que son frère m'a infligée avec le fusil. Peut-être que je laisse échapper une plainte discrète et qu’un spectre de désespoir rode, juste à côté du fantôme d'Old Stinky Poop, hilare. Les images sont un peu floues…

Une chose est sûre, au moment où K'pa et le Tronc ne donnent plus signe de vie, au moment où ceux qui tiennent encore sur leurs pieds ne tiennent plus qu'à un fil, au moment où, moi-même peut-être, j'ai concédé une légère avance à mes adversaires... le vent tourne!

Je dis «le vent tourne », mais il a carrément fait volte-face. Imaginez votre animatrice météo s'apercevant à mi-course que le fameux panneau derrière elle est à l'envers, l'incrédulité dans son regard tandis qu'elle le replace du bon sens et reprend à zéro ses prédictions, voici comment tourne le vent dans les aventures de MB.

Le père Bartolomeu, Zachary le pigeon tronc et l'introuvable Culbuta viennent d’entrer dans le bar, bras dessus bras dessous (si je peux me permettre l'expression), passablement ivres, et ils chantent une chanson grivoise de leur bourgade qui ferait plus de tord à vos chastes oreilles que tous les coups que j'ai pu recevoir.

Des ours polaires se disputant un morse éventré sur la banquise surpris par un couple de flamands roses et un pigeon manchot... voilà à quoi ressemble notre carnage interrompu par la joyeuse brigade d'Oncle-sur-mère.

Eux s’arrêtent de chanter... et nous de nous battre... durant quelques secondes, l'incongruité de la scène retient jusqu'à la trotteuse de l'horloge... jusqu'à ce que Culbuta croise mon regard incrédule.

- Ben quoi? Vous arriviez pas, j'm'ai libérée tu seule!

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