13 septembre 2010

Super-casque ou Le retour des Troncs

Assis sur un lit d’hôpital, je digère tant bien que mal l’araignée que je viens d’ingérer. Peu à mon aise dans une jaquette qui s’ouvre seulement par l’arrière (l’inventeur de cette chose est sans contredit un homme sournois), je tente de me souvenir des événements qui ont pu me conduire dans cette fâcheuse posture.

- Infirmière!?

Des bruits de pas dans le couloir. On ouvre la porte de la chambre voisine (la sœur de Roch). On marmonne quelque chose. Les bruits de pas se rapprochent de ma porte à moi (la mienne).

La créature qui vient s’enquérir de mon bien être me donne envie de raccrocher les collants de super héros et de passer le reste de ma vie en convalescence. Elle se tient bien droite, ce qui, sans même faire exprès, met bien en évidence sa taille et ses formes parfaites dans son uniforme que la coquine a repêché au rayon du « déguisement pour fillettes ». Me regardant avec un demi sourire, les yeux compatissants, à l’affût du moindre de mes désirs et de mes petits caprices de patient, elle me dit d’une voix à faire s’embraser une combinaison en amiante :

- Oh, vous êtes réveillé Mister ! Enchantée de vous revoir parmi nous. Mon nom est Cassandre, que puis-je pour vous ?

- Je vous en prie, prenez quelques jours de congé et vous pourrez vous assurer de mon complet rétablissement.

Elle s’approche (les seins devant) et à ma grande surprise, elle m’embrasse à pleine bouche.

- J’aurais adoré, mais c’est impossible, croyez-vous être le seul qui ait besoin de moi dans cet hôpital ?

Mon coeur se brise. Elle continue à la fois de manière nonchalante, charmante et expéditive :

- Je vous envoie vos vêtements et quelque chose à manger, si vous avez besoin de quoi que ce soit (elle appuie sur les mots)… appelez-moi.

Elle ferme la porte me laissant seul avec l’image de son cul qui quitte la pièce et son parfum qui vole dans tous mes sens.

Mon coeur se brise. Ah, non, c’était déjà fait… enfin.

Quelques instants plus tard, un énorme employé énormément jovial vient me porter mes collants bruns ainsi qu’un déjeuner qu’il a dû préparer lui-même si je me fie à la grosseur de la portion (disproportionnée). Je me mets à manger de bon appétit, on est bien traité dans cet hôpital !

J’en suis à la fin de ma troisième assiette quand surgit la cerise sur le sundae de ma bonne humeur : LES TRONCS!

Popol et Culbuta, plus infirmes que jamais et maintenant tendrement amoureux, sont dans une forme surprenante (un couple d’homme et femme tronc avec des jambes, ça fait souvent une forme surprenante). L’amour a rendu mon Tronc-Juan plus ouvert et plus loquace.

Bien que j’aie été au cœur de la scène et que lui n’y ait jamais assisté, Popol ramène à mon souvenir la spectaculaire collision entre les autobus qui m’a laissé dans ce drôle d’état pendant des semaines. Il me raconte en vrac comment je suis entré à l’hôpital au moment même où eux devaient en sortir, comment ils ont veillé nuit et jour à ma sécurité, les démarches entreprises avec K’pa pour me procurer un super-casque (« désolé patron, je devais pas en parler, tu feras semblant d’être surpris ») et combien il est étrange que je me réveille à ce moment précis parce qu’elle est justement allé le chercher (ah, la vie). Il me narre tout ça d’un ton enjoué mais s’interrompt finalement pour prendre une pose solennelle (oui mon Solennel, à vos ordre mon Solennel):

- Mais maintenant que tu sais tout ça Mister. Il faut qu’on te parle d’une chose sérieuse.

- Qui a-t-il mes enfants ? J’use toujours de ce ton paternel pour les mettre en confiance.

Il regarde vers Culbuta, sa douce moitié, et me dit tout ému :

- Moi et ma pute, on va se marier ! On aimerait que tu sois garçon d’honneur.

Les Troncs ! Se marier?! Je me retiens pour pas me marrer. J’ai hâte de voir la tête du prêtre quand il leur demandera d’échanger les alliances. Et Mister garçon d’honneur ? Elle est bien bonne.

Je me fabrique un visage sérieux, noble, digne de la circonstance, avant de répondre:

- Culbuta, Popol. Ce sera un honneur pour moi d’accepter cette humble mission.

Ils sont au comble du bonheur et voilà K’pa qui entre dans la pièce, toute contente de me voir enfin réveillé. Elle porte dans ses bras un paquet-cadeau format super-casque. Tout le monde s’enlace tant bien que mal (surtout les Troncs) et K’pa m’offre le dit cadeau.

Je défais l’emballage, non sans faire à Popol un clin d’oeil gros comme le derrière de l’employé qui m’a apporté mes vêtements, et je m’exclame de la voix d’un cocu qui attrape sa femme le trompant avec son meilleur ami le jour de son anniversaire :

- Oh ! Vous n’auriez pas dû!

C’est quand même chouette, un super-casque!

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Je voudrais commenter cet épisode génial et rayonner par osmose pour une durée de 12 heures: