22 novembre 2010

L’antre des frères Twins

Je vous imagine bande de pleutres! Avachis dans vos chaumières, dans un bureau ou dans les transports en commun, bouquin en main. Un bouquin, une lueur enfin dans votre routine où défilent tour à tour les mornes écrans de votre télé, de votre ordinateur et de votre portable… dans cette vie ou jamais vous ne trouvez le courage (alors que vous en mourez d’envie) de beugler: 3-2-1-ACTION!

Pendant ce temps, je suis captif dans une pièce qui peut rappeler (selon votre éducation) une église, une salle du trône ou un vieux théâtre. La colonne magistrale à laquelle je suis ficelé (à 6 mètres du sol) est la dernière d’une longue rangée menant à une scène. Face à moi, de l’autre côté de l’allée centrale, j’aperçois K’pa. Elle est attachée elle aussi, mais cela ne la préoccupe guère, toute occupée qu’elle est à roter des clous qui vont s’éparpiller 6 mètres plus bas dans un clouquetis métallique.

D’où on est, on a une vue imprenable sur la scène et, n’eut été de l’inconfort des liens nécessaires à nous y maintenir, on aurait pu vendre nos places à prix d’or. Devant nous, un spectacle rare : les frères Twins en grande dispute. Vous vous souvenez des frères Twins? Les pires des pires? L’apothéose de la cruauté? Non? Qu’importe…

Vous devez savoir qu’au même titre qu’il existe des Lebeau pas beaux, des Lebrun pas bruns, des Legros pas gros et des Leclerc pas clairs, les frères Twins ne sont pas plus jumeaux que vous et moi (ce qui n’est pas peu dire).

Le premier né est grand et il a un visage qu’on pourrait qualifier d’affable si l’on fait abstraction de sa balafre de râteau mal cicatrisée, de sa calvitie mal cachée par quelques cheveux sales, de son menton jadis en fesses où l’on croit maintenant discerner l’empreinte des dents de son frère, de l’œil crevé qu’il n’a pas la décence de cacher derrière un « sympathique » œil de pirate et de l’oreille noire où il a l’habitude d’éteindre le cigare qu’il a actuellement dans sa gueule… à quelques détails près, définitivement affable.

L’autre, le petit, est de beaucoup, plus effrayant. Il porte actuellement un chandail vert forêt « I love Maine » trop ample avec une tête de loup, lequel chandail dissimule entièrement ses shorts (on se prend à espérer qu’il en porte). Du bas du chandail, sortent deux pattes musclées et velues qui s’enfoncent directement dans des souliers à cap de titane. De la manche gauche pend un bras pour l’instant inerte mais que l’on devine vigoureux à ses heures à cause de la main ornée de phalanges à cap de titane également. Le poing droit quant à lui gigote de manière furieuse sous le nez du grand frère. L’homme n’a presque pas de cou et un bison ayant sa tête livrerait fièrement bataille lors des combats nuptiaux. Sa dentition a cela de particulier qu’elle commence aux canines, en titane toujours. On ignore comment exactement les incisives on quitté leur socle mais on sait qu’elles n’y étaient déjà plus lorsque l’autre frère perdit les fesses de son menton.

La querelle n’est pas de savoir s’ils veulent nous tuer, c’est déjà décidé. Il y a la rançon promise par Old Stinky Poop, et Tuer Boy, ça effraie la concurrence. Ils veulent cependant trouver une manière amusante de le faire et ne s’entendent pas sur le degré de précautions à prendre…

Le grand des Twins a peur que je leur file entre les pattes dès qu’on me déliera, j’en suis flatté.

Le petit étale son érudition en matière de torture : écartèlement, poumons d’argile, don’t spare any ribs, le boucher de Séville, rotules cache-oreilles, œil dans le vinaigre, auto-pédérastie, crotte sur le cœur, autant en emporte les dents…

J’ai de la difficulté à me concentrer.

Et K’pa qui n’en fini plus de roter des clous.

Et vous qui criez : ACTION!!!

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