29 novembre 2010

Besoin d’évasion

« Besoin d’évasion? »

Je me marre en voyant l’affiche présentant un gars, une fille, une plage, une mer et un ciel genre paradis (les nuages en moins) pendant que K’pa et moi on est dans un fond de ruelle plus crasseux que les sous-vêtements de ma vieille le jour où on a décidé qu’elle était mûre pour l’hospice.

Je me marre mais n’empêche qu’on en avait foutrement besoin de l’évasion.

Je sais pas si vous vous souvenez mais on était dans une situation que des auteurs de pacotilles qualifieraient de fâcheuse. Moi-même je la qualifierais de… eh pis merde, retournez lire le début de l’histoire et vous comprendrez mieux.

On était dans l’antre des frères Twins K’pa et moi, attachés, ficelés, K’pa rotait des clous frénétiquement et les frères Twins s’entretenaient de manière conviviale pour déterminer la manière et l’heure de notre mort.

Je me marre, mais j’étais inquiet tantôt. Je regardais K’pa roter ses clous, rempli de doutes quant à la capacité de mon acolyte à réagir à une véritable situation de crise jusqu’à ce que je réalise que, loin d’être prise de panique, elle s’affairait plutôt à une tâche ingénieuse, précise et salvatrice.

Quand on rote un clou, c’est toujours le pointu qui sort le premier (logique). K’pa visait adroitement le lien qui la retenait et elle était rendue précisément au point de rupture. Dans un élan de magnanimité, je vous épargne toutes les fois où elle a manqué et le nombre exact de rapports de clous nécessaires pour trancher une corde grosse de même. Donc, on en est là…

La corde casse et K’pa descend habilement le long de la colonne sans attirer l’attention des Twins. Elle me lance sa corde que j’attrape entre mes dents et elle monte pour me détacher mais au moment où mes liens rompent, on tombe 6 mètres plus bas tout les deux dans un fracas fracassant (non mais).

On se relève à toute vitesse, prêts pour une poursuite infernale. Avec le vacarme qu’on a fait en dégringolant, on se dit que les frères vont arrêter de se disputer et venir s’en prendre à nous mais que neni ! Ils n’ont rien entendu : ils se battent!
Un tableau d’une candeur touchante. Le Grand Twins (Oeil crevé) a déposé son cigare dans l’oreille de son frère pour mieux pouvoir le reprendre à la fin de l’escarmouche. Le Petit (que j’ai surnommé Titane) a perdu son chandail à tête de loup et est nu-cul en dessous. Les deux s’invectivent copieusement dans une position qui n’est pas sans rappeler la lutte gréco-romaine, le rugby, le sumo et, surtout, Frankenstein contre Toxic le Ravageur.

On en profite pour se glisser à l’extérieur du théâtre mais on tombe sur cinq sbires boutonneux armés de machettes rutilantes qui, quoi qu’elles (comment?) aient un air anachronique semblent en parfait état de marche. Vous me direz qu’une machette ça n’a pas une mécanique bien compliquée, peut-être mais ça demande quand même un minimum d’entretient.

Contrairement à un film d’action minable, les gars n’attendent pas en file qu’on les bute, ils attaquent comme un seul homme.

K’pa me prouve une fois de plus que j’ai bien fait de la prendre comme compère. Elle se saisi d’un premier assaillant et lui rote une giclée de clous dans les pantalons. Il a tôt fait de lâcher son arme (pour saisir son pagne) et elle de la reprendre. D’un seul geste, elle fend la gueule d’un autre (il emportera ce dernier sourire dans la tombe) et frôle la joue d’un troisième (boutons de machette quelqu’un?).

Ne perdant pas mon temps, je fonce en criant sur les deux qui restent. Les bras en T majuscule, je cours entre eux, les décapitant presque au passage. Ça fait BO-BONG (ils étaient mal alignés) mais seulement un PLOF à ma gauche. Je sais donc que celui de droite est toujours debout. Je me retourne en donnant un coup de pied solide ! PLO-PLOF!??

Vous aussi ça vous semble étrange deux PLOFS ? Mais au moment même où je donnais le coup final, K’pa effectuait une manoeuvre similaire avec le sbire frôlé précédemment dont nous ne reparlerons guère maintenant puisqu’il est hors d’usage.

K’pa jette nonchalamment la machette ensanglantée aux pieds du gars qui a des clous dans les couilles et il se casse (sans nous les casser).

On se pousse un peu plus loin et on se retrouve bien heureux dans cette ruelle sale sous cette affiche de voyage de merde. Je me marre.

Chacun son paradis et vive l’évasion me dis-je en débouchant sur une rue à peu près convenable :
"Taxi!"

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